Il y a longtemps que je n’ai pas été aussi calme
Danya Hammoud

Chaque pièce pour Danya Hammoud est la suite d’une autre. Dans son solo Mahalli (2011), elle s’interrogeait sur la question de territoire et d’appartenance. Dans son trio suivant Mes mains sont plus âgées que moi, Danya Hammoud proposait une partition à partir des tensions et des intentions qui précèdent l’acte de tuer. Dans cette nouvelle pièce, elle s’emploie à rendre visible les prémices de la folie qui jaillit de (et dans) nos corps dans nos sociétés meurtrières, où l’individu tente par ses propres moyens de trouver encore ses raisons d’exister et continue à défendre ce qu’il lui semble encore indispensable à sa survie.
« L’être, dit-elle, dans cette société est souvent à la limite d’un état de folie, dans un va et vient permanent entre « se contenir » et « déborder » (être hors de soi). Ma recherche aujourd’hui se concentre sur cet état de folie qui est en devenir, jamais tout à fait accompli, entier. Car cet entre-deux est peut-être l’endroit le plus fragile, le plus vulnérable et de fait le plus critique ». La chorégraphe s’intéresse plus ici à la folie contenue qu’aux représentations de la folie individuelle ou collective dans des états excessifs : « je souhaite considérer les expressions éclatées de la folie en saisissant les moments d’exaltation afin de les suspendre pour mieux révéler leurs multiples aliénations ». Avec pour point de recherche de départ, trois figures ; Woyzeck, Lenz et Camille Claudel. Danya Hammoud, dont le travail se concentre sur la stricte nécessité du geste, décrypte cet état de corps en devenir toujours dans notre rapport à l’autre.